NUENI RECS.

 

 

 

NUENI #002 - 'PREMIER ANGLE' - Angle.

' Nein, nicht um Engel geht es bei Jean-Philippe Gross & Jean-Luc Guionnet, sondern um Ecken und Winkel. In die sie zischend eindringen, die sie sirrend abtasten. Oder auch dran zupfen wie an Gitarrensaiten. Dann auch hinein stechen mit einem saxophonistischen, dudelsackdiskanten Dauerton. Der dann abreißt und die Low Fidelity der Landschaft hörbar werden lässt. Die gleich wieder auf die Enge des Blasrohrs zu schrumpfen droht. In beidem herrscht Zugluft. Im Großen verschmutzt mit fernem Verkehrslärm, im Kleinen mit Spuckeresten und einer sirrend flackernden Welle. Ich stelle mir Guionnet als den Bläser, Gross als den Sirrer vor. Das Sirren wird wummriger, surrender, jemand klopft auf Metall. Gross, der mit John Hegre als Black Packers und mit Hegre und Lasse Marhaug in Jazkamer Krach und mit Charles, Hautzinger & Marchetti Tsstt! gemacht hat, ist jederzeit für Musica non grata zu haben. Dafür ist ihm kein Winkel zu versifft, keine Frequenz zu spitz oder krumm. Guionnet tutet dagegen schon auch mal sonor, ohne dass der durchs Cover gebotene Blick durch ein Abbruchhausfenster auf Baugrubenmüll und schlammige Wege zum Lichtblick würde. Was sind das aber auch wieder für (De)-Sensibilisierungsübungen? Soll ich da von meinem Wolkenkuckucksheim auf den Boden der Tatsachen gebracht werden? Oder mein Mitleid mit, mein Zorn über die Verhältnisse geweckt werden? Schon klar, das Leben ist eine Baustelle, und die stumpfen Sinne gehören immer wieder auf den Schleifstein. Hier und heute reicht es bei mir nur zu Selbstmitleid. '

Rigo Dittmann (Bad Alchemy)

' Not your standard improv outing, no walk in the park. Angle consists of Jean-Philippe Gross and Jean-Luc Guionnet (each on electronics, I believe, Guionnet also wielding his alto) engage in rough play here, constructing entirely abrasive sounds and unpalatable blocks of noise, dismissing any notion of pleasantry. And it works quite well. When, early on, Guionnet's flat, harsh, affectless alto tone is welded to an even harsher, more brutal one, it bores a clean, smoking hole in your skull, not very nice. The relatively quiet section that starts shows a fine disregard for the normal way of things, sending through opaque electronic ropes and shimmers, nothing very appropriate, events carried along by force of conviction. It plunges into digital silence at the flick of a switch, emerges 15 or so seconds later in an entirely different space, hissing steam and irregularly pounding metals that resolve into a seesawing, low thrum through which a pitiful alto whines (I've no doubt intentional), very effective. A solo alto section, highly controlled yet disjointed, followed by a quiet sequence which stands out, oddly enough, in that it does in fact conform to some areas we've familiarized ourselves with in this genre over the years; strong on its own, interesting when placed in this set. Perhaps more surprising, we then hear Guionnet playing a very soft, simple "melody" over rumbling electronics, very attractive, I daresay, more so when the tone is splintered into delicate overtones, the electronics softly prodding (I'm thinking, due to the latter's exact overlapping, they might be generated here by Guionnet as well.). That's where it ends, having travelled from blunt and awkward to faux calm. A disturbing set, posing questions. Good stuff. '

Brian Olewnick (Just Outside)

' Est-ce que Jean-LucGuionnet et Jean-Philippe Gross ont déjà collaboré ensemble au sein d’un groupe ? en duo ? et est-ce qu’ils ont prévu de continuer à jouer ensemble ? je ne sais pas, mais la première publication de leur duo nommé Angle donne bien envie d’en entendre plus.

Premier Angle est la troisième publication du (jeune) label Nueni, et c’est une publication recommandée à mon avis. Guionnet et Gross ont composé une pièce (à distance ?) qu’il ont réalisé à Bruxelles en 2013, à Q-02. Le premier est au saxophone alto, et le second au synthétiseur analogique et à l’électronique semble-t-il. Parfois, le saxophone semble également branché sur les machines, à moins que Guionnet utilise des pédales d’effets, ce qui m’étonnerait un peu mais pourquoi pas ? Mais passons les détails techniques et pas si importants, et parlons de la musique un peu.

Premier angle est une pièce d’une durée moyenne de 27 minutes, ce qui est assez long pour une pièce musicale, et plutôt court pour un disque. Mais c’est une durée parfaite pour proposer quelque chose de fort sans lasser. Et c’est ce qui est proposé justement. Ce n’est pas fort au niveau du volume, non, mais la pièce proposée par ce duo a quelque chose de renversant. Et le fait qu’elle soit composée n’y est pas pour rien je pense. En effet, ce qui est fort, c’est que le duo joue de manière très précise. La pièce est divisée en plusieurs blocs de temps qui sont très clairement délimités, et dans chaque bloc, le duo utilise certains modes de jeux, certaines dynamiques, certaines textures, qui vont des notes continues au bruit blanc fortement filtré, des slaps aux sinusoïdes, etc. Des sons et des techniques que nous connaissons bien, mais qui sont structurés ici de manière à leur donner corps. Malgré toute sa simplicité et sa banalité parfois, chaque son, dans cette pièce, a un sens. Chaque son est au service de la forme, de la composition, le duo joue de telle manière pour créer une forme de tension, une forme d’apaisement, pour s’opposer ou se soutenir, mais le choix n’est jamais hasardeux et gratuit.

Angle joue avec des sons et un matériel sonore qui pourraient paraître redondant, un matériel qui au sein d’une improvisation aurait pu être ennuyeux, mais les idées musicales contenues dans la forme et la composition confèrent une intensité et une force étonnantes à chacun des sons utilisés. La matière sonore est franchement enrichie et renforcée par la forme qui lui est donnée ici, une forme précise et claire qui souligne les formes, les couleurs et les sensations propres à chaque son. '

Julien Heraud (Improv Sphere)

' Les airs de menace qu’ont les premières secondes de la collaboration de Jean-Philippe Gross avec Jean-Luc Guionnet – de cet Angle orienté sur composition de vingt-six minutes – sont trompeurs. Car l’enjeu semble être ici la concomitance (plus que la connivence) de l’électronique du premier et du saxophone alto du second.

Premier angle est ainsi fait de multiples séquences – division cellulaires, pourquoi pas – qu’il s’agit d’arranger en assemblage cohérent. Si elles sont marquées encore (entrée d’une note, slap, interruption soudaine d’un grésillement pourtant tenace relayé bientôt par un bourdonnement), les séquences en question se succèdent avec un équilibre stupéfiant. Ainsi, le duo s’accorde-t-il dans la controverse : l’électronique prise de tremblement poussant Guionnet dans un jeu de volte et de retournement quand l’alto giratoire décide Gross à revoir l’origine de ses troubles moteurs. Et lorsque le premier suit la piste que le second vient à peine de tracer devant lui, il ne s’agit plus seulement d’équilibre, mais d’un rare exemple d’à-propos musical. '

Guillaume Belhomme (Le son du grisli)